MA PREMIERE LUXATION D’EPAULE

La luxation de l’épaule est la plus courante des luxations. Elle se définit par le déboîtement de la tête de l’humérus hors de sa cavité (située sur l’os de l’omoplate). La première luxation de l’épaule résulte généralement d’un traumatisme violent (accident de moto, sport, chute sur la paume de la main…). Cette pathologie survient dans les trois quarts des cas chez les hommes âgés de 20 à 35 ans. La douleur est intense et la mobilité réduite à néant.

ZOOM SUR LA PATHOLOGIE

STRUCTURE ANATOMIQUE

L’épaule est une articulation extrêmement mobile capable de réaliser des mouvements de grande envergure malgré la stabilité médiocre des structures qui la composent. La tête de l’humérus est emboitée dans une cavité située sur l’os de l’omoplate (glène). Lors d’une luxation, la tête de l’humérus sort de la cavité.

LES TYPES DE LUXATIONS

Selon la position de la tête humérale en dehors de sa cavité, la luxation est dite :

  • antérieure (la plus fréquente : 95 % des cas) : la tête de l’humérus est devant la glène ;
  • postérieure : la tête de l’humérus est derrière la glène;
  • inférieure : la tête de l’humérus est en-dessous de la glène.

Dans certains cas, la tête humérale ne sort pas entièrement de sa cavité. On parle alors de : subluxation.

L’importance de la luxation est fonction du nombre et de la gravité des lésions ligamentaires. Une classification permet, selon le type de lésion, de classer les luxations par ordre de sévérité avec atteinte d’un ou de plusieurs ligaments voire déplacements.

QUELLES SONT LES CAUSES ET LES SYMPTOMES D’UNE LUXATION DE L’EPAULE ?

LES CAUSES

Les luxations de l’épaule concernent majoritairement les hommes sportifs âgés de 20 à 35 ans (77% des cas).

Elles sont causées par l’application d’une force trop importante au niveau sur l’articulation, qui se voit écrasée, tirée, tordue… Certains sports augmentent donc le risque : rugby, judo, handball, tennis, etc… entrainant des immobilisations plus ou moins strictes selon la nature des dégâts anatomiques engendrés.

Les personnes ayant déjà subi une luxation de l’épaule sont aussi plus à même d’en faire une à nouveau, l’articulation ayant été fragilisée auparavant. On parle alors de récidive : celle-ci survient dans 90% des cas pour les personnes ayant eu une première luxation avant 20 ans.

LES SYMPTÔMES

Une douleur intense est ressentie au niveau de l’articulation de l’épaule mais aussi tout le long du bras, rendant le mouvement impossible.

La personne atteinte de luxation se tient immédiatement le bras douloureux par son bras valide.

Sur le côté de la luxation, une déformation au niveau de l’épaule peut être observée, c’est-à-dire une épaule affaissée comparée à l’autre.

La luxation peut entrainer l’apparition d’un bleu à la surface de la peau via la déchirure de tendons ou vaisseaux sanguins, fracture…

Des signes plus inquiétants peuvent apparaitre au niveau des doigts : les mouvements peuvent être impossibles ou des fourmillements peuvent être ressentis.

QUELS SONT LES TRAITEMENTS POUR UNE LUXATION D’EPAULE ?

Il convient de réduire la luxation le plus rapidement possible et, pour cela, de se rendre immédiatement aux urgences orthopédiques.

TRAITEMENT NON CHIRURGICAL

  • Examens cliniques

Le professionnel de santé diagnostique une luxation de l’épaule par un questionnement patient (niveau de douleur et circonstances) et un examen clinique. La radiographie est préconisée afin de s’assurer de la luxation et vérifier si d’autres structures sont atteintes, empêchant la réduction manuelle. Une IRM peut être réalisée pour consolider le diagnostic.

  • Réduction manuelle

La radiographie n’a rien montré de plus que la luxation, le professionnel de santé peut donc réduire la luxation pour remettre l’humérus en place. Différentes méthodes de réduction existent, suivant le type de la luxation, le profil de patient et les habitudes du professionnel de santé. Une fois l’épaule remise, la douleur se réduit de façon significative.

TRAITEMENT CHIRURGICAL

L’intervention chirurgicale n’est pas obligatoire. Elle est généralement réalisée lorsque :

  • La luxation est récidivante : le but est de stabiliser définitivement l’articulation
  • L’articulation ne tient plus et le patient se luxe l’épaule fréquemment sans choc particulier
  • La réduction manuelle ne fonctionne pas

Les deux interventions possibles (de Bankart ou de Latarjet) sont faites sous anesthésie générale et durent environ 1h. Le patient sort de l’établissement le jour même (ambulatoire) ou 24h après.

IMMOBILISATION DE L’EPAULE

Après une première luxation, l’épaule doit être immobilisée durant 1 à 6 semaines en fonction de l’âge du patient et du type de traitement (chirurgical ou non), à l’aide d’une attelle d’immobilisation de l’épaule, permettant la cicatrisation des éléments internes traumatisés. Le coude, le poignet et la main doivent cependant pouvoir se mouvoir pour éviter un enraidissement des articulations saines.

Il existe différents types d’attelles d’épaule pour accompagner le processus de guérison :

  • LES ECHARPES : réduisent la mobilité de l’épaule et suppriment le poids du membre supérieur. Elles peuvent être proposées pour l’épaule en antalgique, les immobilisations non strictes pré ou post-opératoires ou la prévention de certaines complications (subluxation de l’épaule).
  • LES IMMOBILISATIONS TYPE ≪ DUJARIER ≫ : immobilisation coude au corps évitant les mouvements d’abduction et de rotation. C’est l’immobilisation classique après luxation ou fracture de la tête de l’humérus ainsi qu’après chirurgie des épaules instables (interventions de Bankart ou de Latarjet).

REEDUCATION

Une fois la période d’immobilisation terminée, celle de la rééducation commence, notamment par de la kinésithérapie. Des exercices d’assouplissement de l’épaule et de renforcement musculaire pourront être proposés, afin de retrouver une amplitude et une stabilisation articulaire. Ces exercices peuvent être faits seul, à l’aide d’une attelle motorisée permettant le mouvement passif continu (CPM) ou assistés par un professionnel de santé.

Les exercices d’auto-rééducation ne doivent jamais être douloureux, et sont réalisés à partir des indications du professionnel de santé :

  • LE MOUVEMENT DU PENDULE : debout tenu par le bras sain à une table, laisser pendre dans le vide le bras affecté. Le bras relâché, effectuer des petits cercles dans le sens des aiguilles d’une montre puis inversé, en augmentant progressivement la taille des cercles.
  • MAIN REPOUSSEE : Ecarter doucement la main du corps en rotation et non en abduction.
  • ETIREMENT : Etirer et tourner la tête doucement vers l’épaule saine. Cet exercice peut être réalisé en portant l’attelle d’immobilisation.
  • BALLE EN MOUSSE : Prendre une balle en main via le bras affecté et la presser par intermittence. Cet exercice peut être réalisé en portant l’attelle d’immobilisation.

REPRISE D’ACTIVITE

La reprise d’activité peut être faite à partir de 3 mois après la constatation de la luxation ; voire 6 mois dans certains cas. L’avis médical est obligatoire avant toute reprise d’activité : toute reprise prématurée peut entrainer des complications.

Un strapping peut avoir un effet proprioceptif de l’épaule pour reprendre une activité en douceur.

COMMENT DORMIR AVEC UNE LUXATION DE L’EPAULE ?

Quel que soit le traitement, l’immobilisation de l’épaule est valable de jour comme de nuit. Afin de pouvoir dormir sereinement, il est conseillé de soutenir le bras atteint à l’aide d’un coussin adapté afin de le caler confortablement, ou de dormir en position semi-assise en mettant un coussin dans le dos. Le but est de ne pas dormir sur le bras opéré ou de risquer des mouvements qui empêcheront la cicatrisation correcte de l’articulation.

Si la douleur nuit au sommeil, la prise d’antalgique ou l’application de froid localisé sont recommandées.

LA RECIDIVE DE LA LUXATION DE L’EPAULE

Le risque de récidive est déterminé à l’aide du score ISIS (Instability Severity Index Score : Indice de gravité de l’instabilité) de Balg et Boileau. En répondant aux 6 questions, un score apparait :

  • <3 : le risque de récidive est faible
  • compris entre 3 et 6 : le risque de récidive est modéré
  • >6 : le risque est élevé

Après une première luxation, les personnes de moins de 20 ans font une récidive dans 90% des cas, et cela, malgré le respect du protocole de traitement, de l’immobilisation ou de la rééducation.

En passant par l’intervention chirurgicale, le risque de récidive baisse à 3%.

CONCLUSION

Ce qu’il faut retenir :

  • En cas de luxation, immobiliser le bras et se rendre aux services d’urgences orthopédiques
  • Selon le traitement indiqué par le professionnel de santé, suivre le temps d’immobilisation de l’épaule
  • Respecter le temps de la rééducation
  • Reprendre le sport après avis d’un professionnel de santé tout en continuant les exercices d’auto-rééducation

La douleur est un signe qu’il ne faut pas négliger, si cette dernière est prononcée et/ou perdure trop longtemps, il est conseillé de consulter un professionnel de santé.

Pour plus d’informations sur les solutions thérapeutiques proposées, cliquez ICI.

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Auteur : EnovisTM France – décembre 2023

Sources : La médecine du sport, Institut Main, Médipole Avignon, Ameli santé, Institut kinésithérapie, IMMS.

Etudes cliniques :